Depuis le 1er janvier, un contingent de commissions athlétiques américaines applique une série de nouvelles règles édictées par l’Association des Commissions de Boxe 2016. Toutefois, d’autres commissions ont quant à elles décidé de ne pas changer leur cadre réglementaire, propulsant le MMA dans une ère aux règles désunifiées.
Des commissions athlétiques qui ne s’entendent pas
Le Colorado, le Maryland, le Missouri, le New Jersey, l’Ohio et apparemment d’autres états, sont les figures de ce séparatisme, refusant d’adopter l’ensemble ou une partie seulement des nouvelles règles de la commission 2016. Une poignée est prête à les adopter, mais se heurte à la législation locale en vigueur.
Les réfractaires ont manifesté leur désapprobation en raison de deux clauses spécifiques. L’objet majeur du désaccord repose sur l’autorisation des coups de talon au niveau des reins, et une règle rendant difficile aux arbitres d’appréhender le positionnement d’un combattant au sol, notamment par rapport à l’interdiction des coups de pied et de genou à la tête.
Sur la question des coups aux reins, il y a beaucoup de mésententes : le comité médical ABC y est favorable, tandis que le comité ASCS — regroupant par ailleurs urologues et spécialistes des pathologies du rein — juge que ces coups sont dangereux pour la santé.
La règle des frappes aux reins ne semble pas en mesure d’affecter grandement le déroulement des matchs. Il paraît difficile de savoir comment elle influencera les combats, hormis un risque d’augmentation des blessures à long terme chez les fighters souffrant de troubles des fonctions rénales. Sachant cela, à quoi bon effectuer un changement dangereux si le sport n’en tire aucune amélioration ?
La règle du combattant au sol semble favoriser les chances de frapper à la tête avec genoux et pieds. Le MMA est exposé aux combattants qui cherchent la faute en touchant le tapis pour être considérés au sol, et cet aménagement est supposé corriger ces comportements. Pour autant, favoriser les risques de traumatismes crâniens à l’heure où d’autres sports mettent tout en œuvre pour les réduire ne semble pas vraiment opportun.
La situation qui découle de ces différends est que les règles varieront en fonction des états. Ce qui n’est pas bon pour le sport. Auparavant, les arts martiaux mixtes ont été en proie à des divergences d’opinion, notamment sur la question des coups de coudes, mais jamais la rupture n’a été si marquée. Perdre cette cohésion aura un véritable impact sur le MMA.
Sans règles homogènes, le MMA court plusieurs risques
En l’état actuel des choses, aucune formation des arbitres n’est requise. Chaque état dispose de ses propres règles, de ses propres cours avec des contenus différents. Aucune information ne circule sur le besoin d’imposer une nouvelle formation aux arbitres.
John McCarthy a raconté comment lui et son collègue Herb Dean avaient des interprétations de la règle des coups de coude en 12-6. Ce sont pourtant deux arbitres de référence au sein de l’UFC. À présent, les officiels doivent prendre des décisions en une demi-seconde pour protéger les combattants, être en accord sur les règles majeures, mais également s’adapter aux règles en vigueur dans les états où ils officieront. Des responsabilités qui deviennent de plus en plus difficiles à gérer.
Du côté des combattants, il faudra être au courant de la juridiction de l’état accueillant leur match. Ils auront à s’entraîner sur l’utilisation des coups de talon aux reins pour évaluer leur impact sur un duel, mais devront avoir à l’esprit les états où ces pratiques sont interdites.
La règle floue de l’adversaire au sol va elle aussi donner des maux de tête. Au sens propre comme au sens figuré. On voit déjà des fighters se ravisant au dernier moment lorsque l’opportunité de frapper un opposant au sol se présente. Si la règle n’est pas la même partout, le risque est d’assister à des matchs qui s’achèveront sur des coups illégaux. Disqualification oblige.
Que vous considériez qu’un changement était nécessaire ou non, le fait est que les règles unifiées apportaient leur lot d’avantages, aussi bien pour le sport que pour ses pratiquants. Dès à présent, ces avantages ne sont plus que de l’histoire ancienne.
Ce désaccord a des racines plus profondes qu’un simple questionnement sur deux règles. Des combines politiques semblent jouer leur rôle dans cette affaire, à un niveau bien plus élevé qu’il n’y paraît. Espérons que les leaders des multiples commissions trouveront un terrain d’entente afin de débuter une nouvelle ère dans laquelle le MMA sera régi par des règles unifiées.
Traduit et inspiré d’un article publié par MMAJunkie.com
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