Preview UFC 226 – Les lourds en guise de valeur sûre (7 juillet 2018)
Aussi indésirable soit-il, le retrait du championnat poids plumes de cette carte était prévisible tant Max Holloway présente une santé fragile ces derniers temps. Son challenger, Brian Ortega, n’ayant pas désiré un combat de substitution l’emphase sera intégralement portée sur la division poids lourds, une opposition avec la ceinture mondiale en jeu, une autre qui validera probablement le prochain challenger. Également au programme le toujours spectaculaire Anthony Pettis et la légende du kickboxing reconvertie en MMA Gökhan Saki.
Championnat poids lourds : Stipe Miocic (18-2) vs Daniel Cormier (20-1 + 1 NC)
La vie de Miocic dans l’Octogone n’a pas toujours été un long fleuve tranquille, on l’aurait presque oublié. Le parcours du champion aux trois défenses de titre consécutives, constellé de divers bonus (KO, performance ou fight of the night), a d’abord été contrarié par Stefan Struve en septembre 2012, responsable du seul KO subi par l’Américano-Croate dans sa carrière MMA. Ensuite, ce fut l’intense bagarre sur cinq rounds perdue à la décision contre Junior Dos Santos fin 2014, et largement vengée l’an dernier (victoire par TKO au 1er round). Devenu challenger surprise de Fabricio Werdum au printemps 2016, Miocic a mué au fil du temps de simple bon artisan de stand up à guerrier tactique au cardio irréprochable. Ses limites au sol ont été rappelées lorsqu’il s’est avéré incapable de finir Francis Ngannou en début d’année, et ce malgré une position dominante continue. Actuel champion des 93kg, Daniel Cormier, vainqueur convaincant de Volkan Oezdemir lors du même show, aura l’occasion de réaliser un doublé historique. Et possède des atouts susceptibles de faire vaciller le champion : niveau de lutte au moins égal voire supérieur, intelligence tactique, adaptabilité à tous les styles, art du contre certain. Aussi les 20 cm d’allonge d’écart au détriment du challenger s’avère une donnée non décisive tant DC a prouvé (même partiellement face à Jon Jones) savoir s’accommoder de tout et déplacer la joute sur un autre terrain. Peu probable par conséquent d’assister à un échange unidimensionnel puisque l’un aura intérêt à boxer à distance quand l’autre sera plus prompt à chercher corps-à-corps et sol.
Poids lourds : Francis Ngannou (11-2) vs Derrick Lewis (19-5)
Dans quel état psychologique et (surtout) physique retrouvera-t-on le Franco-Camerounais Francis Ngannou, victime de ses lacunes au sol et d’une endurance insuffisante lors de son combat pour le titre mi-janvier ? Quid d’un retour en grâce du Predator ayant littéralement mangé tout cru les Anthony Hamilton, Andrei Arlovski et Alistair Overeem ? Face au phénomène le plus déroutant de ces dernières années se présente l’Américain Derrick Lewis, solide striker élevé à la boxe et à la loi de la rue. Destiné à une carrière en foot US, il doit y couper court à cause d’une vie extrasportive l’entraînant en prison pour quelques années. À sa sortie, il pense reprendre en boxe anglaise mais se laisse attirer par le MMA très en vogue début 2010. Après s’être fait un nom dans des états phares du pays (Texas, Floride, Colorado), obtenant en chemin le titre du Legacy FC, il rejoint l’Octogone au printemps 2014. Depuis, il donne à voir de grosses batailles, parfois dans un style approximatif, dans lesquelles le suspense consiste à savoir qui tombera le premier. En treize duels UFC (bilan largement favorable de 10-3), il est seulement allé à la décision contre l’encaisseur de première Roy Nelson. Ses tombeurs sont tous des fighters accomplis du circuit : Shawn Jordan, actuel tête de proue de la toute nouvelle Professional Fighters League, par deux fois, Mark Hunt que l’on ne présente plus, Matt Mitrione, désormais nom important du Bellator, et enfin Tony Johnson, ancien champion King of the Cage. Au vu du background de Ngannou, la meilleure recette serait d’accepter une bataille frontale. Au petit jeu de la puissance pure, Lewis n’est pas sûr de gagner.
Poids légers : Michael Chiesa (14-3) vs Anthony Pettis (20-7)
C’est l’histoire de deux grands combattants peinant à rebondir. Chiesa, vainqueur du TUF 15 catégorie poids légers puis incapable de franchir certaines barrières, malgré des victoires probantes (Al Iaquinta, Jim Miller, Beneil Dariush). La dernière embûche en date remonte à l’été dernier face à l’ancien challenger au titre interim Kevin Lee. Quant à Pettis, il était perçu comme le « forfait complet » du temps du WEC, fédération affiliée à l’UFC dont il décrocha le titre lors de l’ultime édition. Alors doté d’un palmarès de 13-1 (seule défaite par décision partagée), Showtime a vu sa migration dans la big league plombée immédiatement par une défaite face à Clay Guida. Pettis ira néanmoins décrocher le championnat UFC face à son ennemi préféré, Benson Henderson. Le déclin véritable s’amorce en mars 2015 lorsque Rafael Dos Anjos le domine outrageusement pour prendre la ceinture. Malgré une série de cinq défaites lors de ses sept derniers combats, sa popularité n’en souffre pas trop puisqu’il apparaît régulièrement comme un challenger crédible dans n’importe quelle catégorie. Ainsi a-t-il subi les foudres de Max Holloway chez les plumes en décembre 2016. Verra-t-on de nouveau le furieux virtuose du taekwondo ou un fighter miné par le doute ? Il devrait trouver du répondant avec Chiesa, spécialiste des étranglements dont le Rear-Naked Choke (huit finalisations par ce biais) d’où une possible opposition de type classique striker vs grappler.
Poids mi-lourds : Gökhan Saki (1-1) vs Khalil Rountree Jr (6-2)
Les mauvaises langues diront que la présence de combattants peu expérimentés sur une carte principale devient une mauvaise habitude. Ne pas se méprendre cependant, Gökhan Saki n’est en rien comparable avec Phil « CM Punk » Brooks ou Mickey Gall. Avec prés de cent combats à son actif en kickboxing (quasiment tous au plus haut niveau), le Néerlandais apparaît comme un transfuge naturel, pas seulement comme un nom apte à faire vendre des pay per views. L’ancien champion du Glory s’est donné deux ans pour s’entraîner dans d’autres domaines que le sien, pas du luxe en souvenir d’une première tentative MMA infructueuse en 2004. Pour ses débuts UFC en septembre dernier, il a mis KO Henrique Da Silva au 1er round et obtenu le bonus « performance of the night ». Le stand up devrait être à l’honneur face à un Khalil Rountree Jr bercé au striking au sein de la Wand Fight Team puis Syndicate MMA. Après avoir rempli une fiche parfaite de 4-0 à la RFA (Resurrection Fighting Alliance), il devient l’un des candidats phares du TUF 23 mi-2016, échouant par décision unanime en finale face à Andrew Sanchez. Soumis dans la foulée par la sensation australienne Tyson Pedro (alors invaincu), il rebondit en 2017 avec trois combats à son actif : deux KO victorieux, dont celui sur Paul Craig à Glasgow, et un no contest dû à un test positif de son adversaire le 30 décembre à Las Vegas. Or il devait originellement affronter Saki pour cette dernière de l’année, d’où reprogrammation logique sur cette carte de l’UFC 226. Le Californien de 28 ans est clairement outsider face à une des stars du circuit K-1/kickboxing, à lui la lourde tâche de démentir le rôle de chair à canon attribué par l’UFC.
Un mot sur la carte préliminaire : Anciens buzz… et futurs tops ?
Chouchou de Dana White suite à un fantasque Spinning Hook Kick exécuté lors du tour préliminaire du TUF 17, Uriah Hall a vu doucement mais sûrement le soufflet retomber. Il n’en demeure pas moins dans les effectifs cinq ans après une finale perdue face à Kelvin Gastelum. Tantôt génial (son KO de folie sur Gegard Mousasi en septembre 2015), tantôt dilettante, Hall dont le bilan UFC est à ce jour équilibré (6-6) jouera le rôle de gatekeeper face au tonitruant invaincu Paulo Costa (onze matchs, onze victoires, onze finalisations). Le crack brésilien Raphael Assunçao devra revêtir les mêmes habits face à Rob Font, surprenant tombeur de Thomas Almeida en début d’année.
Terminons avec le rappel du programme complet de ce show.
UFC 226– 7 juillet 2018 Paradise, Nevada (T-Mobile Arena)
Carte principale
Championnat UFC Heavyweight : Stipe Miocic (18-2) vs Daniel Cormier (20-1 + 1 NC)
Catégorie Heavyweight : Francis Ngannou (11-2) vs Derrick Lewis (19-5)
Catégorie Lightweight : Michael Chiesa (14-3) vs Anthony Pettis (20-7)
Catégorie Light Heavyweight : Gökhan Saki (1-1) vs Khalil Rountree Jr (6-2)
Carte préliminaire
Catégorie Middleweight: Uriah Hall (13-8) vs Paulo Costa (11-0)
Catégorie Welterweight : Paul Felder (15-3) vs Mike Perry (11-3)
Catégorie Bantamweight : Raphael Assunçao (26-5) vs Rob Font (15-3)
Catégorie Welterweight : Curtis Millender (15-3) vs Max Griffin (14-4)
Catégorie Lightweight : Dan Hooker (16-7) vs Gilbert Burns (13-2)
Catégorie Lightweight: Lando Vannata (9-2-1) vs Drakkar Klose (8-1-1)