Interview – Roman Dolidze : « Je veux une chance pour le titre le plus vite possible, je pense que je n’en suis pas si loin »
Barbe de viking, carrure d’armoire à glace, mais toujours un large sourire sur le visage du Géorgien. À 34 ans, Roman Dolidze n’a plus de temps à perdre. Depuis sa victoire expéditive contre Kyle Daukaus le 18 juin dernier à l’UFC on ESPN 37, il s’affiche comme un combattant crédible dans une catégorie middleweight à la recherche de nouvelles têtes. Entretien avec celui que l’on surnomme ‘Le Caucasien’.
Interview réalisée par Mehdi ES SKHEIFI
Roman, tu es Géorgien, né à Batoumi, dans le sud-ouest du pays, non loin de la Turquie. À l’époque où tu es né, ce territoire faisait encore partie de l’Union soviétique. Comment s’est déroulée ton enfance et tes débuts dans les sports de combat ?
C’est une histoire intéressante. J’ai commencé avec le karaté mais j’ai vite fait du foot, où je jouais gardien de but. J’y ai joué jusqu’à mes 18-19 ans, dont les 3 dernières années en Turquie.
Par la suite, je suis parti à Odessa en Ukraine pour mes études. J’ai habité là-bas pendant 10 ans. C’est là que j’ai commencé le jiu-jitsu, j’avais 22 ans. Après 4-5 ans de pratique, je suis devenu champion d’Ukraine puis champion du monde de grappling à l’UWW. À l’âge de 28 ans, le WWFC, organisation ukrainienne de MMA, m’a proposé un combat, et j’ai accepté car je savais que j’étais prêt. Mais avant cette proposition, je n’aurais jamais pensé faire du combat.
« Je considère l’Ukraine comme ma deuxième maison, mon deuxième pays. »
De ce fait, tu es 100% Géorgien ou tu as la double nationalité ukrainienne ?
Je suis Géorgien mais j’ai passé beaucoup de temps en Ukraine. Je considère l’Ukraine comme ma deuxième maison, mon deuxième pays.
Tu connais bien l’Ukraine puisque tu as habité à Odessa plusieurs années. Que penses-tu de la situation actuelle dans le pays ?
C’est une triste situation. J’ai beaucoup d’amis qui sont là-bas et c’est de la folie. J’ai envie que cette absurdité s’arrête. Je trouve ça très étrange alors que nous sommes au 21ème siècle.
« Je n’ai pas de rêves, j’ai seulement des objectifs. »
Donc tu as véritablement commencé ta carrière en MMA au WWFC. Est-ce que tu ressens une véritable différence entre le WWFC et l’UFC en terme de niveau ?
Le WWFC est une organisation intéressante, je leur ai toujours demandé de me donner de bons adversaires. Mais sur les deux derniers combats, ils ne m’ont pas donné de bons adversaires. Du coup c’est pour ça que j’ai signé avec l’UFC aussi rapidement.
Sur les deux derniers combats que j’ai eus au WWFC, j’ai affronté un gars spécialiste du jiu-jitsu et je l’ai mis KO en overhand. Et le dernier mec n’était ni spécialement bon en jiu-jitsu, ni spécialement bon en striking, je l’ai également mis KO.
L’UFC est une organisation beaucoup plus importante au niveau international. C’est beaucoup plus grand que le WWFC et il y a une grosse différence.
« Kyle Daukaus, je l’ai battu plus facilement que jamais. »
Tu t’entraînes au Xtreme Couture à Las Vegas. Qui sont tes partenaires d’entraînement ? Sur quel aspect travailles-tu en priorité ? Sur quoi veux-tu mettre l’accent sachant que tu es un combattant de MMA très complet (en striking et en grappling) ?
Cette salle de sport est très bien à Vegas. Il y a beaucoup de combattants là-bas. Et surtout après le Covid-19, l’UFC a commencé à faire des combats à l’Apex. Donc beaucoup de combattants venaient et viennent encore s’entrainer là-bas. C’était une très bonne expérience, il y a des bons coaches et le travail est très varié.
Je dis toujours que je dois tout améliorer et je pense que c’est la clef pour devenir meilleur. À chaque combat, je comprends ce qui ne va pas.
Maintenant que tu as signé à l’UFC, est-ce que tu as un rêve en particulier ?
Je n’ai pas de rêves, j’ai seulement des objectifs. Je ne comprends pas quand on me pose cette question. C’est comme si tu demandais à un soldat s’il veut devenir général ou pas…
Quel est le combat que tu aimerais faire maintenant chez les middleweights ? Qu’espères-tu prochainement ?
Je veux me battre contre plein de gars. Le temps est venu, je suis prêt.
Je veux avoir une chance pour le titre le plus vite possible, et je pense que je n’en suis pas si loin, j’en suis sûr !
« J’ai voulu fermer leur bouche. »
Où est-ce que tu te situes dans la catégorie middleweight aujourd’hui ? Quel athlète du top 15 pourrais-tu battre aujourd’hui ?
Je ne suis pas dans le top 15 mais je veux l’être. C’est pour cela que je veux me battre contre un mec du top 10 pour y arriver.
Je pense que Kyle (NDLR : Kyle Daukaus, que Roman Dolidze a récemment battu par KO au 1er round) n’était pas un mauvais combattant. Il a déjà affronté des gars proches du top 15 et je l’ai battu plus facilement que jamais. Maintenant je pense qu’il est temps pour moi de combattre contre des gars du top 15. Il ne me faut que des bons combattants.
À propos de ton dernier combat justement. Tu bats Kyle Daukaus par KO au premier round, à l’aide d’un coup de genou dévastateur. Que s’est-il passé ? Avais-tu besoin d’une victoire spectaculaire comme celle-ci ?
Mon dernier combat avant Kyle Daukaus, c’était un mec qui faisait du grappling et j’ai fait de la lutte pendant tout le combat (NDLR : face à Laureano Staropolien juin 2021, Roman Dolidze s’est imposé par décision unanime après un combat qui s’est déroulé quasiment qu’en lutte). Les gens ont commencé à beaucoup trop parler, à dire que c’était un combat ennuyant, etc. Je me fiche de ce que les gens disent. Mais ça reste dans ma tête quand les gens parlent, du coup j’ai voulu fermer leur bouche, leur montrer qu’ils se trompaient et je pense que je leur ai prouvé le contraire. Après, tu ne sais jamais ce qu’il va se passer dans un combat mais j’étais prêt pour un combat sanglant, ça c’est sûr.
« La France, c’est un pays magnifique avec des gens formidables »
Tu as vécu en France également. Que penses-tu de ce pays ?
J’ai vécu à Paris puis ensuite à Bondoufle et c’était super, j’ai vraiment adoré. C’était super calme, les gens étaient cools. Je préfère les petits villages comme Bondoufle. J’ai bien aimé l’architecture aussi. La culture française est très intéressante, et le pays a une belle histoire. C’est un pays magnifique avec des gens formidables.
Et que penses-tu des combattants français ?
J’ai combattu face à Rémi Delcampe, c’est un Français qui était sur un palmarès de 3-0 avant que je le batte. Quand j’ai vu les règles de combat en France il n’y avait pas de frappes au sol (NDLR : avant la légalisation du MMA, beaucoup de combattants français s’entrainaient sous les règles du pancrace, une discipline où les frappes au sol sont interdites). Je pense qu’il y a un petit problème en France pour que les combattants progressent, à cause des règles de combat au sol. Mais il y a de bonnes perspectives. Ça grandit comme dans tous les autres pays européens. Et je pense qu’en France, il y a beaucoup de bons combattants.
Premier événement de l’UFC à Paris en septembre. Les Français sont très excités. À quand un événement en Géorgie ?
J’en ai très envie ! J’espère que ça se fera car en Géorgie, on a de très bons combattants. On en a 5 à l’UFC qui sont très talentueux. Un tel événement serait évidemment le bienvenu pour notre région !