Interview – Zarah Fairn Dos Santos : « Mon objectif à l’UFC, c’est d’y rester le plus longtemps possible »
Zarah Fairn Dos Santos est la première française à combattre à l’UFC. Avec un bilan de 6-2 et sur une série de trois victoires consécutives, Zarah nous a fait part de sa très grande motivation et de ses objectifs dans l’organisation américaine. Elle combat ce weekend l’australienne Megan Anderson 9-4 sur la carte de l’UFC 243 Whittaker vs. Adesanya.
Peux tu nous présenter ton parcours ?
J’ai commencé en boxe anglaise avec Saïd Bennajem à Aubervilliers. Après notre rencontre j’ai demandé à Saïd : « Fais de moi une championne. Honnêtement je pense que j’en suis capable » et il m’a répondu « moi aussi ». J’ai fait 6 ans avec lui et je suis devenu vice championne de France. Ma bascule vers le MMA s’est faite car je n’avais plus de filles dans ma catégorie à affronter. J’ai eu pas mal de combats annulés à la dernière minute, ça commençait à me peser mentalement. Et par la suite je me suis dit peut être qu’il faut que j’arrête l’anglaise et que je parte vers autre chose au niveau des sports de combat. Donc je me suis renseignée et un ami à moi qui m’a parlé du MMA et qui m’a dit « Zarah ça t’irait très très bien, y’a plein de styles différents et au moins tu es sûre d’avoir des combats. La seule chose c’est que ce n’est pas reconnu en France. Tu vas devoir combattre à l’étranger ». J’ai dit c’est super, ça va me faire voyager, pourquoi pas. J’ai commencé à m’entraîner à la Snake Team chez Cirylle Diabaté et la ça a été le coup de foudre. J’ai fait une rencontre avec un ancien combattant de l’UFC qui a toujours son gym depuis plus de 20 ans maintenant. J’ai commencé à faire mes premiers combats et tout s’est très bien passé.
Comment passe-t-on aussi rapidement de la boxe anglaise au MMA ?
Je dirais en fait que les sports de combat en eux-mêmes sont une volonté de base. Quand je suis passée de la boxe anglaise au MMA, oui j’ai été surprise quand j’ai vu qu’il y avait des amenées au sol et qu’il y a beaucoup de travail à faire. Mais je pense que lorsque l’on a l’envie de combattre, peu importe la discipline, il suffit de se sentir bien dans son choix martial et à ce moment là tout roule. Quand j’ai basculé au MMA, la seule chose qui m’a surprise c’est la lutte et le sol car je ne connaissais pas du tout. Puis après je me suis entraîné assidûment, sérieusement et j’ai pris du plaisir. Quand j’ai vu après mon premier combat où j’ai gagné par KO en même pas une minute de combat. On m’avait dit que la combattante était une lutteuse, elle vient du sol, elle va t’amener au sol, j’étais vue perdante. Elle n’a rien mis du tout, je lui ai mis une bonne droite et c’est moi qui l’ai amenée au sol et l’ait terminée. Donc c’est ce jeu là qui m’a plus dans le MMA c’est que l’on peut travailler sur plusieurs axes martiaux.
Est ce qu’il y a un domaine du combat où tu te sens encore un peu faible par rapport aux autres aspects ?
Moi je pense clairement que dans tous les aspects martials en MMA, on a toujours une faiblesse. Même si je viens de la boxe anglaise ça ne veut pas dire que je suis la reine de la boxe anglaise. On a toujours à travailler dans chaque domaines. Je dirais plutôt que j’ai toujours à apprendre, aussi bien dans la lutte, dans le sol, dans la boxe anglaise. Les gens ont tendance à poser la question aujourd’hui tu es plus de la lutte, plus du sol ? Je pense que l’on a un sport de prédilection au départ et ensuite c’est à nous de mettre en place des axes de développement. Mais ça ne veut pas dire que parce que Zarah Fairn fait de la boxe anglaise, c’est la killeuse en boxe anglaise et qu’elle est nulle au sol. Qui dit MMA dit Mixed Martial Arts, cela veut dire que quand on rentre dans la discipline après on apprend la lutte, le sol. L’idée est ensuite de mettre en place des stratégies de développement par rapport aux qualités de l’athlète, qui vont avec son corps, sa mobilité. Elles feront que la Zarah Fairn qui n’a pas 10 ans de lutte aura quand même un niveau de 4-5 ans de lutte adapté par rapport à sa morphologie, son physique, comment elle se déplace, un style adéquate par rapport à sa boxe. C’est des axes de développement que l’on se rajoute par rapport à notre base. C’est ça le MMA. C’est pour ça que ça me faire rire quand j’attends les journalistes me dirent mais Zarah on t’a jamais vu faire du sol. J’aurais bien voulu faire du sol dans mes combats mais je n’ai jamais eu l’opportunité. Les combattantes elles tombent au bout de 2-3 coups que je leur donne en anglaise. Mais ça ne veut pas dire que je n’ai pas de sol.
Qu’est ce que ça fait pour toi d’être la première française à l’UFC ?
Je suis contente d’être la première femme parce que je le mérite. Concrètement c’est 7 ans de sacrifice, 7 ans de travail, 7 ans de déplacement à l’étranger, 7 ans ou je ne vois pas forcément toute ma famille. Je rate des moments de festivité familiale et je ne vois pas mes cousins grandir. 7 ans d’acharnement aussi pour rentrer à l’UFC car il faut savoir que j’ai tenté deux fois de rentrer dans l’organisation via la biais du TUF. Je n’ai eu aucun sponsor pour aller jusqu’à l’UFC, aucune aide financière, je me suis débrouillée toute seule. J’ai payé tous mes déplacements à l’étranger, parfois j’avais deux travails dans la même journée pour réussir cet objectif. Je suis la combattante française qui combat depuis le plus longtemps à l’étranger même si je suis discrète et que je ne travaille pas ma médiatisation.
Combien de combat prévoit ton contrat à l’UFC et combien de fois souhaites-tu combattre dans les prochains mois ?
Mon objectif à l’UFC, c’est de rester le plus longtemps possible. Souvent on parle du nombre de combats, moi j’ai envie de parler de petit carrière à l’UFC, voir bonne et grande. J’aime pas mettre de chiffres et de nombres, je crois beaucoup en moi et je n’ai pas envie de dire comme les autres combattants, j’ai dealé 3, 4 combats. Je suis à l’UFC aujourd’hui et je veux y rester !
Peux tu nous parler un peu de ton adversaire Megan Anderson ?
Megan… Je vous le dis honnêtement je laisse ce travail à mon coach. Je ne suis pas quelqu’un qui parle de ses adversaires car ce n’est pas mon métier et ce n’est pas à moi de le faire. Je l’affronte mais je n’ai regardé aucune vidéo de Megan Anderson, j’ai un staff qui s’en occupe. Moi je reste focus sur ce que mon staff me demande.
Est ce que le fait qu’elle ait déjà quelques combats à l’UFC cela change quelque chose ?
Il faut bien commencer à un moment. C’est une chance énorme pour moi de pouvoir faire mon premier combat sur cette grosse carte (l’UFC 243 Whittaker vs. Adesanya) en Australie. Je ne remercierais jamais assez l’UFC de m’avoir donné cette opportunité pour un premier combat. L’UFC ne mette pas n’importe qui sur les grosses cartes donc s’ils m’ont choisi c’est que j’ai la stature pour la faire.
Pourrais-tu nous surprendre et ne pas choisir le stand-up en priorité ?
Au niveau du combat, je vais suivre mon instinct de combattante. Je ne peux pas vous dire aujourd’hui je ne vais faire que de la boxe ou de la lutte. Un combat reste un combat. Megan aura son game plan, j’aurai mon game plan qui devra peut-être changer tout de suite par rapport à ce qui va se passer. Je saurai utiliser les armes qu’il faut pour réussir à gagner ce combat.
Pour revenir au MMA francophone voir international, est ce que tu as des amis dans le milieu du MMA avec qui tu échanges régulièrement ?
Johan Romming qui est un de mes coachs qui m’a toujours suivie. C’est grâce à lui que j’ai fait mes trois derniers combats avec trois superbes victoires. C’est quelqu’un que je remercie car si je suis à l’UFC c’est aussi grâce à lui. A l’époque je n’avais plus de coach, plus d’équipe, plus de club et lui s’est donné corps et âme pour me suivre sur mes combats. Un autre ami que j’admire beaucoup en tant que combattant c’est Karl Amoussou, un combattant phénoménal qui a combattu au Bellator et qui a une très grande carrière en MMA. C’est quelqu’un qui m’a beaucoup suivi, qui m’a pas mal entraînée…
Nous ne pourrons pas finir l’interview prévue avec Zarah Fairn, l’appel d’Australie ayant coupé et son timing média étant limité. Nous la remercions pour cet échange et la soutenons pour son combat.
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