Présentation de l’UFC Fight Night 130 Thompson vs Till du 27 mai
Après une double étape en Amérique du Sud (Brésil, Chili), l’UFC se pose sur le Vieux Continent le temps d’un show offrant la part belle aux catégories moyens et welters. Pas de méga-star au programme, mais quelques étoiles en pleine ascension. Le public de Liverpool aura peu à envier au londonien, hôte de la 200e édition du Bellator deux jours plus tôt.
Poids welters : Stephen Thompson (14-2-1) vs Darren Till (16-0-1)
Thompson, ancien double challenger de Tyron Woodley, et encore classé #1 du top 15 à ce jour, aura à défendre cher son rang face au toujours invaincu Darren Till (#8). Ceci en sachant que ses suivants au classement, Rafael Dos Anjos (#2) et Colby Covington (#3) disputeront un titre de champion intérimaire dans deux petites semaines. Il s’agit d’un sacré push pour Darren « The Gorilla », enfant de Liverpool ayant dû quitter ses terres pour se construire une carrière MMA au Brésil, puis devenu la nouvelle sensation de l’Octogone depuis son impeccable année 2017. Sa démonstration face à Donald Cerrone en octobre dernier (d’ailleurs consacrée « performance of the night ») est encore dans toutes les mémoires. Ce kickboxer de formation, insaisissable, précis, déroutant, a l’occasion de confirmer les espoirs placés en lui. Un bémol cependant : il alignait les finalisations avant son arrivée dans la big league, mais est depuis allé trois fois sur quatre à la décision, dont un nul majoritaire face à Nicolas Dalby pour son combat initial en octobre 2015. Ses trois victoires enchaînées après plus d’un an et demi d’absence pour blessure ont convaincu les plus sceptiques. Que dire de son rival américain, son aîné de dix ans, sinon que son parcours suit une courbe inverse ? D’abord perçu comme un combattant spectaculaire, Thompson a basculé dans un style calculateur lorsqu’il a entamé sa course à la ceinture poids welters. L’homme à la carrière en kickboxing immaculée (57-0), auréolée d’une quinzaine de titres entre 1999 et 2005, reste célèbre pour ses trois KO/TKO « performance of the night » obtenus au premier round face à Johnny Hendricks (ancien champion des 77 kg), Robert Whittaker (actuel détenteur chez les poids moyens) et Jake Ellenberger (figure majeure des welters). Il s’est donc laissé endormir lors d’un double duel aux pointages imparfaits contre Woodley (un match nul majoritaire, une victoire majoritaire pour T-Wood) et a persévéré dans cette voie de la logique de petites frappes cumulées pour vaincre Jorge Masvidal par décision unanime. Ses sidekicks sont devenus trop prévisibles, ses déplacements trop téléphonés, comme s’il ne s’était pas remis de ses opportunités inabouties. Sera-t-il suffisamment toucher dans son orgueil pour dépasser ce rôle de gatekeeper proposé par l’UFC ? On devine les attentes de la compagnie concernant Till, assurément plus bankable qu’une éventuelle troisième manche Woodley/Thompson.
Poids welters: Neil Magny (20-6) vs Craig White (14-7)
Nouveau choc américano-anglais, là aussi dans la catégorie des welters, pour occuper la place de co main event. D’un côté un abonné du top 10, Neil Magny (#9), craint par tous mais toujours stoppé aux pieds des marches de la gloire. De l’autre, un local suffisamment percutant lors de ses dernières apparitions au Cage Warriors pour apparaître en carte principale dés sa première dans l’UFC. De même que le duel principal, l’un a tout à perdre quand l’autre se voit offrir un strapontin vers un accroissement immédiat de notoriété. Sur le papier, le favori n’est pas celui que l’on pourrait croire. En effet, malgré sa longue expérience dans l’Octogone (il s’agira de sa 19e présence), Magny souffre de ses limites dans le combat au sol, ses quatre défaites par soumission en attestant. Ses échecs se résument à mesure de ses confrontations avec des spécialistes de jiu-jitsu brésilien (Sergio Moraes, Demian Maia, Rafael Dos Anjos) tandis qu’il excelle face à des opposants acceptant le stand up (Kelvin Gastelum, Hector Lombard, Johny Hendricks, Carlos Condit). Or Craig « The Thundercat » White s’avère mieux qu’un remplaçant de fortune de Gunnar Nelson, adversaire initialement prévu de Magny. Avant tout un finisseur (un seul de ses vingt et un combats sont allés à la décision), mais aussi un adepte zélé des Guillotine Choke et autres étranglements en triangle. Reste à savoir si l’Anglais imposera un game plan apte à annihiler les atouts offensifs de l’Américain. Assurément un duel qui vaudra le détour.
Poids plumes : Arnold Allen (12-1) vs Mads Burnell (9-2)
Apparu, comme beaucoup d’européens, à l’UFC via un remplacement de dernière minute, Arnold Allen a depuis fait son petit bonhomme de chemin. Tout en douceur, à raison d’un combat par an depuis 2015. Sur une série de cinq victoires, le jeune britannique (24 ans) est tout aussi favori que ses compatriotes de la carte principale. Pour cause car le Danois Mads Burnell, âgé lui aussi de 24 ans, n’est pas à proprement parler un foudre de guerre, notamment en termes de striking (zéro KO en carrière professionnelle). Il faudra se méfier cependant de son jeu au sol, notamment sa propension aux prises de soumission atypiques (Brabo Choke, Japanese Necktie). Les aptitudes d’Allen paraissent plus variées, il peut notamment s’appuyer sur de petites carrières amateurs en boxe anglaise et kickboxing. Hélas, sans test majeur mis sur sa route par l’UFC jusqu’ici, on ne peut statuer sur son réel niveau.
Poids plumes : Jason Knight (20-4) vs Makwan Amirkhani (13-3)
Élève appliqué du grappler d’exception Alan Belcher, Jason Knight voit son avenir UFC en sursis puisque sur une série de deux défaites. Cet artiste de l’étranglement (treize succès par soumission) aura pour charge de barrer la route du Finlandais d’origine iraniennes, Makwan Amirkhani. Or ce dernier est tout aussi créatif en matière de finalisations au sol et possède un background conséquent en lutte. Autrefois concurrent au concours de « Mr Finlande », le modèle est désormais totalement focalisée sur son parcours MMA. À noter sa victoire express par D’Arce Choke sur un certain Tom Dusquesnoy en 2013.
Poids welters : Claudio Silva (11-1) vs Nordine Taleb (14-4)
Mine de rien, le Français et Canadien d’adoption Nordine Taleb disputera déjà son 9e duel au sein de l’Octogone. Bien que tardive (il aura 37 ans le 10 juin), sa carrière au haut niveau a connu une progression logique via le triptyque Ring Of Combat/Bellator/UFC. Bien que dû à un concours de circonstances (annulation du combat Davey Grant-Manny Bermudez à trois jours du show), sa présence en carte principale est méritée. Le challenge proposé est tout aussi gratifiant en vue d’un accessit au top 15 de la catégorie. En effet, le Brésilien Claudio Silva, membre de la Nova Uniao, affiche onze succès de rang (seule défaite pour son premier combat pro en 2007), qui plus est avec la manière. Parfois striker explosif, plus souvent virevoltant dans la recherche de prises d’abandon, Silva n’est pas un homonyme de plus promis à l’anonymat. Seule réserve, il est tombé dans le syndrome habituel des arrivants UFC : deux combats conclus à la décision alors qu’il avait toujours finalisé jusque là. Ajoutons que le Brésilien combattra quasiment à domicile puisqu’il a construit l’essentiel de sa carrière sur le circuit britannique. Apparu transformé depuis deux ans, Taleb devra faire parler son agressivité, la même lui ayant permis d’assommer rapidement Erick Silva ou Danny Roberts (« performance of the night » lors de l’UFC On Fox de décembre 2017), sous peine de subir la technique élaborée de son opposant.
Poids moyens : Eric Spicely (11-3) vs Darren Stewart (7-3 + 1 no contest)
Malheur au vaincu lors de ce duel de sursitaires. L’heure est particulièrement grave pour l’Anglais Darren tewart, impérial sur le circuit national mais sans le moindre succès en quatre apparitions à l’UFC. L’Américain Eric Spicely était tout aussi dominant du temps de son règne local au CES MMA basé dans l’état de Rhode Island, tandis que dans l’Octogone le bilan est plus mitigé (2-3) avec notamment une série de deux défaites par finalisation. Nous devrions clairement assister à un affrontement traditionnel striker (Stewart) vs grappler (Spicely), apte à faire monter la sauce de la carte principale à défaut de revêtir un grand enjeu sportif.
Un mot sur la carte préliminaire : Une éphémère main eventer remise à sa place
Courageuse candidate pour croiser le fer avec la destructrice Cris Cyborg en septembre 2016, Lina Lansberg n’avait pu profiter de cette exposition pour s’installer durablement dans le main event des divisions féminines. Elle livrera un duel assez confidentiel avec la récente recrue Gina Mazany. À 40 ans, Dan Kelly voit sa retraite se profiler malgré un run étonnant entre 2014 et 2017. Il reste sur deux défaites et a la mission difficile de contrecarrer l’Anglais Tom Breese, seulement battu par décision partagée lors de sa dernière apparition UFC. Tout en bas du top 15 poids moyens, Elias Theodorou devra défendre son rang face à Trevor Smith en ouverture de soirée.
Terminons avec le rappel du programme complet de ce show.
UFN 130 – 27 mai 2018 Liverpool, Angleterre (Echo Arena)
Carte principale
Catégorie Welterweight : Stephen Thompson (14-2-1) vs Darren Till (16-0-1)
Catégorie Welterweight : Neil Magny (20-6) vs Craig White (14-7)
Catégorie Featherweight : Arnold Allen (12-1) vs Mads Burnell (9-2)
Catégorie Featherweight : Jason Knight (20-4) vs Makwan Amirkhani (13-3)
Catégorie Welterweight: Claudio Silva (11-1) vs Nordine Taleb (14-4)
Catégorie Middleweight: Eric Spicely (11-3) vs Darren Stewart (7-3 + 1 NC)
Carte préliminaire
Catégorie Middleweight: Dan Kelly (13-3) vs Tom Breese (10-1)
Catégorie Welterweight : Brad Scott (11-5) vs Carlo Pedersoli Jr (10-1)
Catégorie Women’s Bantamweight : Gina Mazany (5-1) vs Lina Lansberg (7-3)
Catégorie Women’s Flyweight : Gillian Robertson (4-2) vs Molly McCann (7-1)
Catégorie Middleweight : Elias Theodorou (14-2) vs Trevor Smith (15-7)