Présentation UFC Fight Night 154 Moicano vs Korean Zombie – Une carte pas si mineure
L’UFC fight Night 154 Moicano vs Korean Zombie a lieu le 22 juin 2019.
Aucun match de championnat ni grosse star à l’horizon, et pourtant ce gala intermédiaire livrera des verdicts importants quant à la suite à donner aux carrières de certains grands espoirs : Renato « Moicano » Carneiro catégorie poids plumes, Kevin Holland chez les moyens ou encore Andrea Lee et Montana De La Rosa en poids mouches féminines.
Poids plumes : Renato Moicano (13-2-1) vs Chan Sung Jung (14-5)
Trois ans et demi d’absence, entre blessures et raison d’État (service militaire coréen de deux ans), n’auront pas eu raison du talent de Chan Sung Jung. Lors de son retour dans l’Octogone en 2017, il est apparu plus affûté que jamais, flanquant une belle trempe à Dennis Bermudez, mis KO en milieu de 1er round. Belle relance donc…avant qu’une nouvelle blessure le mette de nouveau hors jeu pendant plus d’un an. Ces inhabituelles périodes de carence ont conduit le Coréen au style hybride au maigre total de six combats livrés à l’UFC (4-2), malgré une arrivée début 2011 ! Or on ne doit pas retenir cela, mais plutôt les bonus récoltés à quasiment toutes ses apparitions (à l’exception du match de championnat face à José Aldo, perdu sur blessure au 4e round) par le biais de son sens aiguë du panache, de ses finalisations peu orthodoxes, à l’image du D’arce Choke infligé courant 2012 à Dustin Poirier, actuel champion interim des 70 kg. Renato Moicano est prévenu, lui qui a vu sa montée dans les classements interrompu de manière claire et nette : d’abord par Brian Ortega à l’été 2017, puis début 2019 face à son compatriote José Aldo en plein revival. Aujourd’hui sur le point de quitter le top 10, Carneiro (5-2 à l’UFC) doit maintenir son rang devant un Sung Jung classé #12. Moicano possède de solides atouts au sol, s’est particulièrement distingué comme adepte du Rear-Naked Choke, et au vu le background de son adversaire dans ce même domaine on pourrait se diriger vers un concours de jiu-jitsu brésilien. À moins que le #9 de la division opte enfin pour un muay thaï plus explosif, son autre spécialité ne s’étant pourtant jamais traduite dans les actes (aucune victoire par KO). Malheur au perdant pour retrouver une place dans un main event UFC.
Poids welters : Bryan Barberena (14-6) vs Randy Brown (10-3)
Combat entre deux individus en dehors du top 15 des poids welters. Pour des raisons faciles à comprendre. Simple et populaire, voilà les atouts que peut mettre en avant l’Américano-Colombien Bryan Barberena, et qui justifie sa présence en carte principale malgré des résultats en dents de scie (5-4 à l’UFC, alternance quasi systématique victoire-défaite). Le talent est là, il fait partie de cette génération formée directement au MMA, la recherche du spectacle aussi, nombreux KO à son actif, mais il fut d’abord connu comme l’homme qui tua le buzz Sage Northcutt, supposé prodige âgé de seulement 19 ans au moment où il succombe à un Arm-Triangle Choke de Barberena. Dans la foulée, Bam Bam s’incline à la décision face à des émergents qui iront tutoyer les sommets tels Colby Covington fin 2016 ou Leon Edwards en septembre 2017. Jamais ridicule sur la forme, le « plouc » affirmé de Knoxville semble pêcher par manque d’ambition, il voit le combat comme un travail ordinaire et non comme une compétition. Randy Brown a un parcours légèrement différent, davantage météorique car signé assez tôt au Ring of Combat, compagnie observée de prés par les dirigeants de l’UFC. C’est d’ailleurs en plein enregistrement du show télé Dana White Looking for a Fight que le public le découvre fin 2015. Avec un score de 6-0 au ROC pour autant de finalisations spectaculaires, l’Americano-Jamaïcain gagne son ticket pour l’Octogne. Cet ancien spécialiste de boxe anglaise tend à se perfectionner dans l’art du combat au sol, mais a livré des prestations plutôt neutres sur le fond (4-3) comme sur la forme (aucun bonus récolté) depuis son arrivée dans le grand bain. Saura-t-il tirer profit des enseignements de Renzo Gracie en BJJ pour prendre à contre-emploi un Barberena prêt à maintenir le stand up ?
Poids mouches femmes : Andrea Lee (10-2) vs Montana De La Rosa (10-4)
Les numéros #10 et #11 d’une catégorie poids mouches peu médiatisée ont l’occasion de squatter les projecteurs le temps de ce show secondaire. Brièvement boxeuse puis kickboxeuse professionnelle, Andrea Lee a ensuite acquis et testé ses savoirs dans les sports de préhension (judo, jiu-jitsu brésilien) au sein de l’Invicta, puis du Legacy FC et Legacy FA, décrochant la ceinture de championne de sa catégorie des 56 kg dans ces deux dernières fédérations. Tout va bien depuis ses débuts à l’UFC puisque avec deux décisions unanimes en mai 2018 et février 2019 elle a porté sa série à six succès consécutifs. Doit-elle craindre la triple All-American Montana De La Rosa, spécialisée donc en lutte mais étrangement portée sur des techniques de jiu-jitsu depuis son avènement au MMA ? Après avoir manqué plusieurs fois le poids requis chez les pailles, elle s’est résolue à monter dans la catégorie d’au-dessus courant 2017. Cela tombe bien, l’UFC venait justement de lancer un The Ultimate Fighter destiné à intégrer la division des mouches dans la compagnie. Si elle s’incline en quarts de finale face à Nicco Montano, future championne inaugurale, De La Rosa est remarquée et donc conservée dans les rangs de la big league. S’ensuivent trois victoires convaincantes par soumission, dont deux clés de bras chirurgicales, s’ajoutant à ses trois précédents succès acquis par ce moyen. Tient-on la nouvelle Ronda Rousey ? Cet affrontement promet d’être bien plus qu’un schéma striker vs grappler. Une certitude : un élan vers le top 5 sera brisé à l’issue du combat.
Poids moyens : Kevin Holland (14-4) vs Alessio Di Chirico (12-2)
Faisant figure de chouchou de Dana White, car sorti des Contender Series, Kevin Holland sait comment faire parler de lui. Une grande gueule sans complexes de 26 ans qui avait déjà roulé sa bosse avant d’intégrer l’Octogone durant l’été 2018. Des débuts insensés puisqu’il prit au pied levé un Thiago Santos en retour de flamme (prochain challenger de Jon Jones en Light Heavyweight). Marche évidemment trop haute et large défaite aux points pour Holland. Notamment passé par le Legacy FC, le Bellator ou le King of the Cage, le natif de Riverside n’a pas eu le temps de voir sa confiance s’étioler et remportera deux combats par la suite, le plus récent en mars dernier. Il s’affirme comme un candidat proche du top 15 et sa polyvalence parle pour lui. Face à lui un Alessio Di Chirico davantage concentré sur le striking, comme beaucoup de représentants italiens en MMA. Il possède d’ailleurs le même entraîneur que le fameux Alessio Sakara. Impérial sur le circuit pugilistique de la Botte (9-0), Manzo a vu son palmarès s’écorner dans l’Octogone, a perdu de sa facilité, les finalisations d’hier devenant des victoires par décision partagée seulement, il affiche un bilan tout juste positif de 3-2. Fait important à relever, au cumul de leurs 32 combats aucun des deux concurrents n’a été mis KO. Holland a déjà promis de briser cette série en projetant la tête de son adversaire sur le sol pour « en faire un ragoût ». Loin de cet aspect culinaire, nous resterons intrigués par les choix de game plan pour lesquels opteront les coachs tant ce duel s’annonce équilibré.
Un mot sur la carte préliminaire : Wiman l’ancien au milieu des jeunots
Beaucoup d’espoirs au programme du début de soirée, à l’image de ce choc d’étoiles montantes entre Dan Ige (11-2) et et Kevin Aguilar (17-1), tous deux issus des Contender Series de Dana White. Repéré pour sa part lors du TUF Undefeated (été 2018), Luis Pena (6-1) va tenter de déjouer les pronostics face à un adversaire d’expérience, ce bon vieux Matt Wiman (16-7), présent à l’UFC sans démériter entre 2006 et 2014 (score de 10-5) et absent des circuits depuis près de cinq ans ! Autre supposée star en devenir, l’élève doué de la AKA Deron Winn (5-0) qui débute dans l’Octogone face à un autre revenant Eric Spicely (12-4), licencié après trois défaites de rang en 2018, et s’étant déjà relancé ailleurs le temps d’un semestre. Précédé d’une réputation flatteuse (son surnom est Mr Highlight), Andre Ewell (14-5) cherchera à se faire connaître du grand public devant le plus si jeune Anderson Dos Santos (20-7). À noter également deux fights féminins qui ont un temps étant envisagés pour figurer sur la carte principale : le duel poids mouches entre la Violence Queen brésilienne Ariane Lipski et la plus sobre anglaise Molly McCann ayant peu à envier sur le papier à Lee/De La Rosa ; en poids pailles l’Américaine Ashley Yoder et la Japonaise Syuri Kondo joueront gros puisque restant sur une série de déconvenues susceptibles de couper court à leur contrat.
Retrouvez la carte complète et les résultats de l’UFC Fight Night 154 Moicano vs Korean Zombie ici.
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Merci pour cette analyse étoffée !
Je veux bien un debrief post fights de la même trempe… 😉