« Qui le protège ? » : Thomas Loubersanes témoigne de la situation complexe de Benoît Saint Denis

Benoît Saint Denis a subi une défaite cruelle face à Renato Moicano durant le main event de l’UFC Paris. Le Français vit un moment difficile qui serait le résultat d’une situation interne délicate. Thomas Loubersanes s’est livré dans une interview avec The Fight Club.

Benoît Saint Denis est dans une phase compliquée. Samedi soir, le Français de 28 ans a subi une deuxième défaite consécutive, et ce fut brutal. À domicile, à l’Accor Arena, BSD a été dominé durant le main event de l’UFC Paris. Son adversaire, Renato Moicano, est entré dans le combat de manière agressive dès les premières secondes face à un Benoît Saint Denis inhabituellement sur la réserve. À cause d’un ground and pound dans le 1er round, le natif de Nîmes a subi des dégâts qui contraindront le médecin à stopper la rencontre avant la troisième reprise (voir le résumé du combat).

Après la défaite, de nombreux observateurs s’en sont pris au corner de Benoît Saint Denis. Il faut dire que le Français a connu des changements dans son équipe ces derniers mois. Lui et son head coach de longue date, Daniel Woirin, se sont notamment séparé après la défaite par KO contre Dustin Poirier. Daniel Woirin a donné sa version des faits quant à la séparation, et a expliqué que l’équipe actuelle de BSD avait considérablement changée. Toutefois, une autre version des faits a fait surface.

Benoît Saint Denis, une situation interne complexe

Thomas Loubersanes a été numéro 1 mondial en compétition no-gi de jiu-jitsu brésilien en 2018, 2019 et 2020. Il a coaché Benoît Saint Denis en grappling au cours de sa carrière. Il s’est exprimé sur la situation de BSD lors d’une vaste interview accordée à The Fight Club. Selon le Toulousain, bien que Daniel Woirin ne travaille plus avec Benoît Saint Denis, il a sa part de responsabilité dans la défaite du Français. Thomas Loubersanes a témoigné d’une situation interne complexe :

« Il n’y a pas un coupable. Il ne faut pas penser que l’un a raison, l’autre tord et que c’est de manière unilatérale. Il y a un cumule d’erreur. Est-ce qu’il a manqué Daniel Woirin en tant que head coach ? Oui. (…) Là on s’est retrouvé avec des coachs qui ont toujours été là, il ne faut pas dire le contraire. J’ai été longtemps dans ces camps et ils ont toujours été là. Mais même si les coachs sont compétents dans leur discipline, il a manqué un head coach pour lier tout ça. »

« Daniel Woirin a clairement sa part de responsabilité dans cette défaite. Quand tu es le head coach, le meneur, comment on en est arrivé à cette situation ? Quand tu es le head coach et que tu t’occupes de quelqu’un, tu dois t’entendre avec tout le monde. Moi j’étais en interne, on va parler cash. Il (Daniel Woirin) ne s’entendait avec personne. En dehors des cours de boxe, il n’allait ni dans les cours de lutte, de sol, de rien du tout. »

« Moi il me résume à un simple sparring. À Paris c’est moi qui me suis occupé de Benoît, j’étais son coach. À Bayonne, c’est Chris Savoca, son premier coach, qui s’en occupait. Mais j’étais complémentaire et je l’ai coaché. Sur les réseaux sociaux il avait mis un post en disant que je n’étais pas son coach. (…) C’était deux mois avant le combat contre Poirier, ça c’est pour te montrer que ça créé des problèmes et que ça manque de responsabilité. (…) J’ai vu Daniel mal parler, on l’a vu parler sur beaucoup de monde, dont la femme de Benoît et ainsi de suite. Vous croyez que ça ça n’a pas d’impact ? »

« Qui va le protéger ? »

Pour Thomas Loubersanes, Daniel Woirin est un bon head coach. Toutefois, il existait un manque de communication avec BSD et les différents entraîneurs. Le Toulousain pense qu’il n’y avait pas de juste milieu et que Daniel Woirin n’ouvrait pas assez la porte aux autres coachs (de lutte, de sol, etc). Une situation qui aurait fini par mener à la séparation, et à une équipe pas au point. Thomas Loubersanes a poursuivi :

« J’ai l’impression qu’il n’y a personne qui est bienveillant et qui pense à lui (BSD). Qui le protège ? Peut-être que ça viendra de sa femme en interne, je ne sais pas. J’ai l’impression qu’il est pris dans un truc d’intérêt, de lumière, de business, de responsabilité. Déjà il y avait des erreurs avec Poirier et même Moicano, dans le choix, ça ne le protège pas. Mais je peux comprendre que ce soit délicat à refuser. (…) Il faut construire étape par étape. Maintenant, qui va le protéger ? Un conseil bienveillant c’est de dire stop, une pause d’un an, un an et demi. Ça c’est quelqu’un qui pense à l’athlète, ce n’est pas de l’envoyer au charbon. »

« Benoît ne mérite pas tout ça »

Thomas Loubersanes a tenu à donner son avis sur Benoît Saint Denis, « un homme honnête et travailleur » :

« Benoît, c’est un des mecs les plus respectueux qu’il y ait. C’est un travailleur, un travailleur comme Salahdine. Il n’a jamais dit un mot négatif sur quelqu’un, il reste à sa place… Franchement c’est une personne top. Il ne parle jamais de politique, de religion, j’ai vu des choses sur les réseaux sociaux… Il est carré, il a toujours la petite attention, le petit mot. Quand il a vu que je l’aidais il a fait en sorte de m’aider en retour, je ne l’ai jamais eu d’autres personnes ça. Benoît ne mérite pas tout ça. S’il en est là aujourd’hui et qu’il a fait certains choix, il faut essayer de comprendre pourquoi. »

Le nouvel environnement de travail de Benoît Saint Denis pourrait ne pas être adapté au haut niveau d’après Thomas Loubersanes. Le combattant français se situe à Bayonne. Un endroit qui pourrait être trop isolé, nécessitant de faire venir les sparring partners à soi, ce qui demande une dépense d’argent supplémentaire. L’une des options serait de s’exporter à l’étranger, notamment aux États-Unis où le niveau est relevé.

Benoît Saint Denis, dont on connaît le mental en acier, se dit prêt à revenir dans l’octogone après une pause. Le ‘Dieu de la Guerre’ a besoin de se reposer auprès des siens avant de, on l’espère, revenir encore plus fort.

Que pensez-vous de cette situation ?